Dépistage et thérapie génique

Dans le cadre de la première table ronde de l’association Connectome in Science, nous avons abordé le sujet du dépistage. Après une brève introduction sur le dépistage, notamment en prenant l’exemple du VIH.

  • La première question a été lancée par Amin Benadjal, doctorant à l’Institut de la visionà Paris : «Vous êtes-vousdéjà fait dépister pour le VIH et pourquoi?».

Arnaud Roussel, un étudiant en quatrième année de médecine, a lancé la première réplique : « C’est important. On a tendance à penser que le VIH est spécifique à une population, or ce virus touche la population de manière globale. Il faut un suivi des personnes contaminées pour endiguer le virus. » Par la suite, Rémi Delvic, un étudiant en première année de licence PCGI à la Sorbonne a enchainé : « C’est important de penser à l’autre, il n’y a pas qu’une dimension de rapport à soi dans le dépistage. Aujourd’hui, on peut vivre avec le VIH grâce aux avancées de la Science. »

Valentin Sonneville, étudiant en seconde année de médecine, n’a pas manqué de souligner que la législation n’est pas toujours en adéquation avec les avancées de la médecine, notamment pour le don du sang pour les personnes homosexuelles. Les résultats d’un dépistage fiable pourraient ainsi ne plus imposer le délai de quatre mois d’abstinence sexuelle avant tout don, qui stigmatise une population sur la base de son orientation sexuelle.

De plus, Charlotte Lassaigne, étudiante en quatrième année de médecine à Sorbonne, déclare que le dépistage VIH est un dépistage volontaire et s’accorde à dire avec Kenza Kadri, doctorante à l’Université de Plymouth, que ce virus a des modes de transmission spécifiques. Ceci, permet de filtrer les personnes souhaitant se faire dépister et donc de limiter les dépistages inutiles et couteux. Amin Benadjal annoncera qu’en France le dépistage du VIH est un « dépistage organisé » car il est gratuit et soumis aux campagnes publiques au lycée ou collège par exemple.

Jennifer Guisset, étudiante en première année de médecine en Italie, amène la notion de responsabilité personnelle. Pour avoir la démarche d’aller se faire dépister, il faut d’abord avoir des connaissances et des informations, ce qui cible déjà un premier type de public. Pour appuyer ces propos, Charlotte signalera que le dépistage est un échec de la prévention. Le problème, rétorque Kenza, c’est que l’on fait de la prévention en temps de crise. Le gouvernement doit investir dans la santé. Arnaud argumentera via l’histoire, en prenant le cas de la rubéole : « Au moment de l’apparition des vaccins, tout le monde se faisait vacciner car cela évitait de nombreux morts. Au moment où la maladie disparait, les gens arrêtent de se faire vacciner, c’est le rebond épidémique. Ce n’est que lorsque l’on voit beaucoup de cas, que l’on agit. »

Valentin soutiendra cet argument, puis mettra en avant une chose importante : la pandémie du Sars-Covid-19 nous a démontré encore une fois le scepticisme des populations, notamment en France, sur le dépistage. Pour étayer ces propos, Rémi parle de « l’État et sa relation avec le peuple ». C’est par exemple, les informations souvent changeantes, qui contribuent au scepticisme. Comme rajoutera Kenza, les informations sont parfois contradictoires et amène la population à douter. Amin, soulèvera un point intéressant : cette méfiance n’est pas toujours injustifiée en prenant le cas des vaccins de l’hépatite B qui étaient possiblement corrélés au déclenchement d’une sclérose en plaque.

Arnaud souhaitera clarifier un point essentiel au débat : la confusion entre les professionnels de santé et l’État. « Douter de l’autorité n’est pas forcément une mauvaise chose. L’État intervient dans la santé par des campagnes de dépistages, rembourse certains soins… Mais les données scientifiques sont des faits. Ce sont deux choses différentes. » Amin précisera qu’en recherche, il y a deux types de laboratoires : privés et publics. Les laboratoires publics étant affiliés à l’État, se doivent d’être irréprochables. C’est par exemple par les vidéos chocs de L214 dans certains laboratoires privés qui mettent la confiance de la population à rude épreuve concernant les avancées médicales.

  • Dans la deuxième partie de la discussion, celle-ci a démarré par la question suivante : « Que pensez-vous des vaccins obligatoires chez le nourrisson par l’État ? »

Kenza expose les faits : de trois vaccins il y a quelques années, 11 sont aujourd’hui obligatoires. Charlotte rétorque : « On nous pousse, en tant que médecin, à ne pas être au centre du soin et laisser le patient sur la touche, en le laissant croire qu’il ne peut pas comprendre le processus de soin. Il faut sortir de ce modèle et impliquer le patient. Ce serait pertinent d’éduquer les populations sur les bases scientifiques et pas juste « Vaccinez-vous » ».

Amin expliquera qu’en France, on n’a plus main prise sur le vote des lois après l’élection des élus. Il y a un gouffre entre les acteurs et bénéficiaires de la santé : « l’État fait des lois, les chercheurs et médecins en sont informés après. Quant à la population, pourtant au coeur du parcours de soin est la dernière informée. » Le problème est majoritairement d’imposer un vaccin sans explication au préalable. Kenza observe que sur le site du gouvernement, celui-ci n’explique pas les raisons et modes de fonctionnement de ce vaccin.

Jennifer va à son tour prendre la parole et avancer : « Pour la population ce n’est pas intuitif de comprendre ce qu’est un vaccin. Même si on explique en quelque mots sur le site du gouvernement ce qu’est ce virus et pourquoi on se vaccine, rien ne changera, le problème est plus profond. Rechercher l’information n’est pas un réflexe pour tout le monde ». Valentin soutient que l’information est de plus en plus disponible mais la population ne va pas la chercher car celle-ci n’est pas accessible au public non initié. Nathaly Romero étudiante du Magistère Européen de Génétique acquiesce et soulève les problèmes engendrés par les informations relayées par les médias. Rémi, quant à lui, déplore l’accessibilité et note qu’il en va de la responsabilité du scientifique de vulgariser l’information, ce qui fait aussi parti de la prévention. Amin dira que « c’est de la pédagogie que vient la prise de conscience ». Jennifer conclura par : « On ne peut pas diaboliser que les médecins ou que les patients. Un pas est à faire dans les deux sens, aux scientifiques de vulgariser et aux patients de s’auto-informer et se responsabiliser. »

Amin initiera un exemple de prévention ayant été organisée en France contre l’obésité. Ils ont éduqué la population sur du long terme et on a observé une diminution drastique d’obésité par la suite. « Il faut expliquer clairement aux gens pourquoi. Cela couterait moins cher. » Charlotte rétorquera : « On voit des patients qui se moquent de leur santé chaque jour. Une certaine population n’est pas consciente de sa santé et dispose d’ailleurs de sa santé comme elle l’entend ». Arnaud interviendra : « Est-ce que ces personnes, non intéressées par leur santé pourraient l’être, avec une plus grande sensibilisation dès l’enfance ? On n’est malheureusement pas égalitaire face à notre éducation. »

Nesrine Mandhouj, attachée de recherches cliniques acquiesce et évoquera le fait que ce n’est pas par manque de savoir dans la majorité des cas que la population mange mal mais par manque de moyens, aussi évoqué par Kenza. Jennifer exposera l’exemple du Chili et leur système d’étiquetage de produits alimentaires. Combiné à ceci, la sensibilisation des enfants à l’éducation nutritionnelle et santé alimentaire à l’école qui permet de transmettre la connaissance aux parents, amenant à une uniformisation du savoir et ce, en touchant les plus jeunes. « La santé ne se construit pas en un jour, c’est un produit de multiples facteurs, il ne suffit pas de prendre une pilule magique. Chacun peut comprendre les principes fondamentaux de la santé et acter dans ce sens, s’il le souhaite. »

  • Pour terminer cette table ronde, l’animateur du débat a questionné l’ensemble des participants : « Est-ce que vous préféreriez savoir que vous êtes malades ou non ? »

Après un rapide tour de table, les intervenants s’accordent pour dire qu’ils voudraient savoir qu’ils sont ou vont être malades malgré le stress engendré par l’information. Ceci se poursuivra par l’évocation de sujets tels que : la sédation profonde, l’euthanasie, l’espoir face aux futurs traitements, la prévision de fin de vie…

Pour conclure, cette première table ronde s’achève par un échange constructif et énormément de bonnes idées en sont sorties. Venez participer aux prochaines !

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